Editorial

Accès à la conduite automobile : de nouveaux enjeux pour la médecine physique et de réadaptation


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La conduite automobile est une activité complexe, qui repose sur des compétences cognitives de haut niveau et des habiletés sensorimotrices. La présence d'une déficience peut ainsi impacter les capacités de conduite, ce qui amène à poser la question de l'aptitude médicale à la conduite. La réglementation “fixe la liste des affections médicales incompatibles ou compatibles avec ou sans aménagements ou restrictions pour l'obtention, le renouvellement ou le maintien du permis de conduire”. Dans notre spécialité, la médecine physique et de réadaptation (MPR), les équipes pluriprofessionnelles accompagnent quotidiennement les personnes en situation de handicap dans leur parcours de vie et dans toutes les dimensions. C'est donc tout naturellement que depuis bientôt un demi-siècle, des équipes de MPR ont proposé d'accompagner la personne dans l'accès, le maintien ou le retour à la conduite automobile et, lorsque cela n'est pas possible, d'accompagner la personne dans sa mobilité au sens large, pour une plus grande autonomie. Récemment, l'arrêté du 28 mars 2022 a inscrit la place des équipes pluriprofessionnelles dans l'évaluation des capacités de conduite en complément du dispositif législatif reposant sur les médecins agréés et les inspecteurs à la sécurité routière [1].

Dans ce contexte, ce numéro spécial des Actualités en MPR propose un état de l'art en abordant les différents aspects de l'accès à la conduite : l'impact de certaines pathologies et déficiences sur la conduite automobile (cérébrolésions, lésions médullaires, épilepsie, troubles visuels, effet du vieillissement), les aspects législatifs, financiers, organisationnels, techniques et technologiques (adaptation du poste de conduite, conduite minimanche, place des simulateurs de conduite). Le propos a été élargi à la conduite moto et à la conduite poids lourd, avec les spécificités liées à l'environnement professionnel de ces ­activités de conduite. L'ouverture sur la “voiture du futur” nous projette sur une nouvelle conception de la mobilité sans doute plus inclusive, qui déconstruit notre imaginaire de la voiture volante autonome !

Nous remercions les équipes qui se sont mobilisées pour partager leur expertise, et qui ont été nombreuses à répondre à l'enquête nationale sur les pratiques. Remerciement particulier aux usagers qui ont contribué à ce numéro par leur retour d'expérience.

Si l'activité est ancienne (première auto-école intégrée à un centre MPR en 1976) et si l'on peut observer une accélération de la diffusion de ces pratiques professionnelles depuis les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) en 2016 [2], l'offre reste inégale sur le territoire et mérite un travail d'homogénéisation des pratiques, de maillage territorial et de consolidation de son modèle économique, en collaboration avec l'ensemble des acteurs de la filière.

Références

1. Arrêté du 28 mars 2022 publié au JORF du 3 avril 2022, NOR : INTS2206503A.

2. Décision HAS n°2016.0011/DC/SBPP du 13 janvier 2016 du collège de la Haute Autorité de santé attribuant le label méthodologique de la HAS à la recommandation de bonne pratique : “reprise de la conduite automobile après une lésion cérébrale acquise non évolutive”.


Liens d'intérêt

P. Coignard et I. Hauret déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.