Éditorial

Les programmes de soins de rééducation-réadaptation des personnes atteintes d'affections respiratoires


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En langue anglaise, les programmes de soins destinés aux patients insuffisants respiratoires à prédominance non pharmacologique sont nommés “pulmonary rehabilitation”, ou encore “respiratory rehabilitation”. L'anglais a le mérite de résumer en 2 mots ces programmes de soins. En effet, l'atteinte du souffle, de l'appareil pulmonaire ou respiratoire, provoque une atteinte multisystémique qui touche une personne dans son fonctionnement global (Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé), avec des conséquences qui vont au-delà de l'affection pulmonaire. À juste titre, il y a un point de départ de l'atteinte respiratoire avec des symptômes d'essoufflement, une association avec une inflammation chronique généralisée, des impacts secondaires sur la trophicité musculaire (les muscles représentent 30 à 40 % du poids du corps) et les capacités à tolérer des efforts, des fragilités multiples − multiplication des comorbidités −, et enfin des conséquences sur la qualité de vie et la santé perçue. Tous ces éléments concourent à de véritables limitations des aptitudes, des capacités et des participations sociales des personnes malades.

Les programmes de soins de rééducation-réadaptation (RR) dans les affections respiratoires intègrent avantageusement des compétences de médecine spécialisée en pneumologie, en chirurgie thoracique, en médecine physique et de réadaptation avec les plateaux techniques spécialisés de RR, associant des professionnels de rééducation aux fonctions adjointes et complémentaires (kinésithérapeute, ergothérapeute, orthophoniste, diététicienne, assistante sociale, éducateur d'activité physique adaptée ainsi que les prestataires de matériel de ventilation ou délivrant une oxygéno­thérapie). Ces programmes nécessitent des plateaux techniques bien équipés, associés à des personnels compétents et bien formés, pour les mettre en œuvre de façon coordonnée. Un programme de RR, incluant une prise en charge rééducative et éducative, constitue l'étalon-or dans le traitement des bronchopneumopathies chroniques obstructives. Pourtant, seuls 8 à 10 % des patients atteints de cette pathologie sont engagés dans ces programmes. Les freins sont nombreux, avec en premier lieu le défaut de diagnostic, mais aussi des points de rupture sur les parcours de soins interdisciplinaires. Des parcours de soins fluides sont à développer à grande échelle, pour servir la santé de nos concitoyens. Les thérapies non pharmacologiques coordonnées, interdisciplinaires, de soins complexes de réadaptation nécessitent des compétences particulières apprises dans les structures qui les mettent en œuvre.

Ce numéro spécial fait le point sur l'état de l'art des programmes de RR dans les affections respiratoires. Certains aspects n'ont pu être abordés, comme l'éducation thérapeutique, la prise en charge des syndromes d'hyperventilation et, surtout, les programmes de rééducation préchirurgicaux cardiothoraciques, qui préviennent et évitent jusqu'à 50 % des complications postopératoires.

Les mesures de prévention au sens large sont naturellement les options les plus efficientes sur la santé d'une population pour éviter des maladies respiratoires chroniques : éviter les toxiques, dont le tabac, protéger l'environ­nement et l'air que l'on respire, bien bouger, bien manger. Quoi de plus vertueux que d'associer la santé du souffle avec les aptitudes physiques et le contrôle du comportement pour la santé, sans oublier les améliorations de notre environnement par la transition écologique en cours.

Nous espérons que ce numéro spécial des Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation répondra une nouvelle fois aux attentes de ses lecteurs.


Liens d'intérêt

F.C. Boyer déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.